vendredi 5 décembre 2008

Merci, Collège de France

Voici LA raison pour laquelle aimer le Collège de France est une bonne chose:

Itunes, Itunes Store, Podcasts, "Collège de France- Philosophie": 13 cours de Jon Elster sur l'irrationalité, en plus d'autres cours tout aussi intéressants.

jeudi 4 décembre 2008

Proroger, pas proroger

Déçu que je suis de la décision de la Gouverneure Générale, je ne peux cependant me joindre à ceux qui réclament à grands cris que lui soit infligé un châtiment digne de "l'incompétence crasse dont elle a fait montre aujourd'hui en ne se mettant pas au service de la démocratie" (tiré du statut Facebook d'un étudiant en science politique de l'Université de Montréal dont je tairai le nom).
Du point de vue constitutionnel, la GG ne pouvait que difficilement refuser d'accéder à la demande du Premier Ministre Harper. Notez que "difficilement" est un euphémisme. J'y reviendrai plus loin. Avant tout, je vous suggère la lecture d'un texte qu'a publié un collègue et ami sur la faiblesse des arguments avancés par les conservateurs pour discréditer la coalition NPD-PLC.

Considérant que, du point de vue du suffrage démocratique, la coalition (NPD-PLC) a obtenu 44% des voix contre 37% pour les conservateurs (le Bloc et les Verts ne sont pas comptés dans le 44% qui devient, avec les voix que ces deux partis ont obtenues, 60%) et que l'accord signé par le NPD, le PLC et le Bloc assure la survie du gouvernement pour 18 mois (durée moyenne d'un gouvernement minoritaire), difficile d'accorder aux arguments conservateurs le statut de "béton"... Et oui, je suis pour la coalition.

La coalition peut donc être considérée comme légitime démocratiquement et stable. L'indignation de certains envers la décision de la GG, cependant, me semble moins légitime. Si je suis en désaccord total avec la décision d'accepter la demande de prorogation, l'esprit de la neutralité axiologique me pousse à me ranger du côté de certains constitutionnalistes (cités dans de nombreux articles sur le site de Radio-Canada) et de me dire que Michaëlle Jean n'avait pas vraiment le choix. Pourquoi?

Parce que, le poste de GG n'est plus titulaire, en pratique, des mêmes pouvoirs qu'en 1867. Bien qu'à cette époque la population élisait la Chambre, c'était la GG (et donc la Reine) qui nommait le gouvernement. Par le truchement des conventions constitutionnelles (changements introduits progressivement dans la pratique politique quotidienne au lieu d'un changement de la constitution), le gouvernement est devenu l'affaire du vote populaire et le désir d'effacer l'influence de la Reine a fait en sorte que le Premier Ministre, fort de sa légitimité démocratique, devenait, à toutes fins pratiques, l'unique conseiller de la GG.

C'est ce qui explique que d'un point de vue constitutionnel, Mme. Jean ne pouvait pas vraiment s'opposer à la demande de M. Harper.

Bon, je vous ai eu. Le but caché est de vous poser la question suivante: considérant que Jack Layton et Stéphane Dion ont tous deux écrits à la GG pour lui signifier que le gouvernement Harper n'avait pas la confiance de la Chambre, l'argument de la légitimité démocratique est-il valide? Et les conséquences de la prorogation sur l'avancement des travaux, particulièrement en période de crise économique ne sont elle-pas inquiétantes? Et pour les geeks: y aurait-il un débat à avoir sur le déontologisme versus le conséquentialisme? (Je sais pas, l'idée m'est venue environ 3 secondes avant que j'écrive la phrase, mais il me semble que ce serait intéressant de réfléchir à ça) Considérant la situation économique, se conformer à des règles formulées de façon à limiter les atteintes à la démocratie que constitueraient un usage abusif des pouvoirs du poste de GG est-il vraiment la meilleure voie?